lundi 19 janvier2009, 22:00
La nuit a été froide et bruyante dans cet hôtel où la porte de la chambre ressemblait plutôt à une cloison de papier. Je sors déjeuner puis décide de me perdre dans le labyrinthe formé par les ruelles de la médina. Impossible de traverser la place sans m'arrêter quelques minutes devant les charmeurs de serpents. Ceux sont des groupes de 4 ou 5 personnes, tous musiciens sauf un qui ressemble plutôt à un acteur. Il explique un tas de choses, prend la foule à témoin, « se dispute » avec ses collègues, tout cela pour faire monter la pression car dans une boite, il a une espèce de gros serpents dont il semble avoir très peur ... mais qu'au bout de 10 mn d'agitation il ne se sera toujours pas décidé à nous montrer. Je reprends mon chemin, passant les premiers souks où se succèdent des boutiques de souvenirs allant du magnifique plat à tajine au bijou le plus clinquant possible. Trop peu à mon goût ce quartier. Ici plus qu'ailleurs les marchands attirent le touriste et le mettent presque dehors si au bout de quelques secondes ils voient qu'ils n'en tireront rien. Je sens bien que ce n'est pas ici que je pourrais faire le type de rencontres que j'aime faire. Un peu plus loin, j'arrive au souk des tanneurs. Ici, on ne vend pas vraiment mais on fabrique à la main toutes sortes d'article. Chaque atelier fait quelques mètres carrés, il n'est pas rare d'y voir des enfants travailler. Les odeurs de cuir se mélangent à celles des brochettes qui cuisent sur les grills des « restaurants » séparant à intervalle régulier les ateliers. Avec mon regard d'européen, j'ai encore du mal à comprendre comment toutes ces boutiques peuvent être « rentables ». Comment peut-on vivre en vendant quelques brochettes par jour ? C'est vraiment le royaume de la « micro-économie ». Au détour d'une rue, je me fais interpeller par un fabriquant de babouches. J'entre, l'odeur de cuir cède place à celle entêtante de la colle. Nous commençons à essayer discuter. Il me montre un peu comment il procède. Je lui demande combien il en fait par jour et la réponse ne se fait pas attendre : 100 DH. C'est vrai que le mot « combien » a tout de suite une certaine connotation ici ! Au bout de plusieurs essais et en m'aidant des mains, je parviens finalement à me faire comprendre ; 40 paires par jour. Je le quitte pour retourner manger dans un petit boui-boui où j'avais repéré des brochettes aléchantes. Les locaux semblent surpris de me voir me joindre à eux... Un peu plus tard, je croise enfant qui fabrique des manches pour pic à brochettes. Il a une technique assez incroyable, cassé en deux, il utilise ses pieds et ses mains sur un tour à bois rudimentaire. Il m'explique qu'il a toujours fait ça, que c'est sa famille qui lui a appris et qu'il n'est pas allé à l'école. A chacune de ces rencontres je suis stupéfait par la gaieté des gens malgré leur vie pas si facile que ca. En repassant par le souk des tanneurs, je croise l'ami au 100 DH. Il boit un thé et me propose de finir son verre. J'accepte et commande 2 autres verres, on échange quelques sourires.
Il me faudra 1 heure pour rentrer à l'hôtel en passant par des « chemins de traverses ». Je pars me balader en vélo pour essayer de sortir de la ville. Je passe devant le palais du roi, mise à part de hauts murs crénelés, on ne voit pas grand chose. Autour de Marrakech, on trouve quelques petites collines circulaires de quelques centaines de mètre de diamètre et d'une centaine de haut. Laurent pourrait probablement m'expliquer leur origine... Je me dirige vers la plus proche tel un Yann Artus Bertrand pour admirer Marrakech d'en haut. Je suis un route bordée d'un talus que je décide de gravir pour atteindre la colline. Je tombe alors sur une espèce de petit bidonville bien caché ! Il est formé de petites maisons très sommaires et est entouré par des petits tas de détritus. Je poursuis mon ascension. Au sommet, je remarque deux femmes et une petite fille. Elles m'interpellent et me proposent un verre de thé ainsi que quelques amandes. Echange de sourire, de prénom, la langue est une fois de plus un obstacle difficilement surmontable. J'apprends qu'elles sont du bidonville. Elles viennent prendre le thé ici car la vue est magnifique. On voit Marrakech et au loin les montagnes enneigées. Durant tout le temps que je passerais en leur compagnie, la petite fille agée d'un an et demi ne me quittera pas des yeux... probablement à cause de mon casque jaune :-) . Je regagne Marrakech et la place Jemaa el fna par de grandes artères riches et bien propres.
L'autre Marrakech |
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