mardi 6 janvier2009, 21:39
Une fois de plus, je me réveille en entendant la pluie tomber. Même si j'avais vu les prévisions météo, j'avais entr'aperçu la lune hier soir et cela m'avait donné une petite lueur d'espoir. Mais rien à faire, le temps n'est pas avec moi en ce moment... Il est 8h, je sorts déjeuner. Je demande un thé et du pain avec de la confiture. Comme toujours, le serveur m'amène bien un thé mais le pain et la confiture ont à chaque fois des formes différentes. Je dois encore faire des progrès pour me faire comprendre. Aujourd'hui j'ai droit à une sorte de croissant fourré avec quelques choses proches de la pâte d'amande (enfin je pense). Délicieux ! A deux tables de moi, un européen déjeune également. Il a un vélo identique au mien, incroyable ! Il semble écrire un journal, je le laisse à ses pensées. Je décide malgré le temps de partir direction Casablanca. Je sais que je n'y serais pas pour le soir mais je connais la cote et je pense pouvoir planter la tente éventuellement. Sur la route, je passe à Skhirat où mon père a vécu quelques années. Il a prévenu ses amis que je serais dans le coin. Si le temps se gâte, je pourrais toujours trouver refuge là-bas. De toute façon, il me semble impossible de ne pas passer dire bonjour !
Après déjeuner, je passe rapidement par le marché acheter de l'eau, du pain et des sardines... à la tomate ;-) A 9h45, j'enfourche mon vélo. La pluie est un peu moins forte et le plafond moins bas. Dans la grisaille, j'aperçois même le soleil de temps en temps. Je longe la mer, la cote est vraiment magnifique, formée de petites « falaise » d'une dizaine de mètres. Une dernière photo de Rabat et je quitte la ville. J'ai le vent contre moi, probablement pour la journée. La circulation est dense mais je commence à me faire aux particularités marocaines : un coup de klaxon pour avertir et deux ou trois coups pour dire « Pousses toi !!! » et là, il vaut mieux s'exécuter. Je peine à trouver mon rythme. Il y a de l'eau plein la chaussée, je suis déjà trempé. Je croise à intervalle régulier des pêcheurs vendant leurs prises. Elles se résument à 2 ou 3 poissons de belle taille, environ 60 cm. Je n'y connaît pas grand chose en poisson, mais je pense que ceux sont des « poissons à arêtes » ;-) La mer démontée m'offre un spectacle grandiose. J'ai une pensée pour Manu et ses vagues de Palavas !
Le temps commence à se couvrir à nouveau. Le moral a du mal à se maintenir. Je regarde mon compteur pour constater que ma moyenne n'est que de 18 km/h. Dur, dur. J'ai mal au dos, à la hanche gauche. C'est dans ces moments là que la solitude est difficile. A deux, il y en a toujours un pour tirer l'autre. 30ième kilomètre, j'arrive à Skhirat sous la pluie. Je tourne un peu et trouve l'usine MAC // Z où mon père travailla. Je demande Awatef. Je suis accueilli comme un roi. Il est hors de question de ne pas passer la nuit ici ! Elle me conduit dans leur maison au bord de la mer. Najet, la bonne va venir me préparer un tajine me dit-elle. Tu prends une douche et tu te reposes ! On passera te prendre vers 15h. Le temps de décharger la remorque et un orage très violent éclate. Le vent souffle en rafale, des éclairs illuminent le ciel. Je m'image là-dessous en vélo, ca n'aurait pas été cool ! Najet arrive, je souhaite l'aider mais elle refuse obstinément. J'ai vraiment du mal à me laisser servir. Je demande de la lessive, impossible, elle me prend mon linge. En attendant 15h, je pars me balader sur la plage. L'orage est passé et a laissé place à quelques rayons de soleil. La lumière est magnifique. Je croise un berger et ses quelques moutons.
A 15h30 on passe me prendre. Je visite l'usine, une occasion pour moi de voir à quel point les choses ont changé. Il y a 7 ans, j'y étais passé et cela ressemblait plutôt à de l'artisanat évolué. Maintenant, c'est vraiment une autre échelle. On m'explique un tas de choses. Ils font tout sur place. Il récupère du cuivre, du laiton et son capable de sortir toutes sortes de pièces. Ils font des pièces pour les lignes de TGV français par exemple. L'usine emploie 450 personnes. Hannan, le PDG, a une vision très humaniste du rôle de sa société. Il cherche vraiment à améliorer la vie des gens ici. Il y a une école pour les enfants exclus des autres écoles, une cuisine/cantine qui s'approvisionne au souk du coin et nourrit tous les ouvriers, un atelier de formation aux métiers de la métallurgie pour les jeunes adultes. Ici, on adapte les modes de productions au particularités du pays. C'est un bon exemple à suivre je pense. Il y a un coté très familiale dans les relations entre les gens.
Je regagne la maison au bord de la plage pour une nuit marquée par un violent orage.